/!\ Attention /!\Ce texte fourmille de jeux de mots pas toujours évidents à repérer (ni drôles), et de références plus ou moins cachées. L'auteur ne garantit en aucun cas que vous aurez le fou rire en lisant ce texte.
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Moi, Simplet. Comme le disait si bien le Nain Terrassant à son assistance désintéressée : « La verve naine fleurit à l'ombre du soleil de nos îles nabotes insondables. », c'est pourquoi en ce jour, moi, Simplet, j'ai décidé en toute simplicité de vous conter mon histoire... Celle-ci ne commencera pas par le classique « Il était une fois... », mais plus par un « Il est une fois... », car, que ça soit en suivant mes envies ou en vous sevrant de vos ennuis, je suis encore et toujours en vie ! Vous ne me croyez pas ? Avez-vous déjà croisé un simplet ? Oui, c'était moi !
Il est une fois, donc, une famille de 9 nains dont j'étais le dernier...
Comme nos parents étaient économes, dès que je fus né, on me plaça dans un fût (de bière) reconvertit en berceau pour l'occasion. Ma petite enfance à la vision troublée par les traces d'alcool qu'il restait dans mon berceau improvisé n'ayant pas grand intérêt, je dirai simplement que je grandis d'une manière qui n'était... pas loin des normes allemandes. Et pour cause ! En plus de la bière, la plupart du temps je jouais de manière à n'être pas loin de hêtres et d'ormes allemands. Ho oui, j'aimais ces arbres, je me serrais contre leur écorce, je dansais joyeusement autour d'eux. Vous aurez comprit que je me suis toujours senti à part par rapport aux autres nains...
C'est d'ailleurs parce que que je sautille gaiement, et que je remue les oreilles, que l'on m'appela Simplet... Et aujourd'hui je me rend compte que l'on aurait pu me confondre avec un elfe, ou une nymphe, aurais-je été plus heureux ainsi ? J'ignore de le savoir, mais ce qui est sûr c'est que j'étais et que je suis toujours, le plus heureux des nains. Bon, peut être après Joyeux, mais quand même !
Bien sûr à cause de ma différence, au jardin de nains, plutôt que de m'appeler par mon nom, on me surnommait « Fada », « Bredin », et j'en passe...
J'avais donc la réputation depuis l'enfance d'être l'idiot du village. C'est probablement pour cette raison que tous les ans, je recevais la couronne du Roi des Idiots, qui se superposait à la coiffe dite du « bennet d'âne » à laquelle j'échappais rarement. Autant dire, donc, que j'étais né coiffé ! Ce qui m'évita probablement bien des coups de froid, dont semble avoir été victime mon frère, Atchoum.
Mais, l'adolescence venue, je sentais bien qu'il y avait autre chose en moi qu'un petit nain à l'air stupide. Puis, j'ai fini par prendre conscience que je me sentais naine au fond de la mine et de moi-même (selon Prof cela serait d'ailleurs dû à un problème hormonal qui serait en plus l'explication de ma pilosité sous-développée), on a commencé à me qualifier alors de « Chochotte accrochée à la barbe à papa »... Ce qui n'était pas totalement injustifié puisque j'aimais la barbe à papa, surtout quand il rentrait de la confiserie où il travaillait, pour un certain Willy Wonka.
Malheureusement maman nous abandonna pour partir avec un hobbit, et notre pauvre papa, anéanti, se pendit à un fraisier avec de la guimauve...
Nous n'étions donc plus que 7, et bizarrement nous découvrîmes un cadeau laissé par notre père, 7 magnifiques anneaux, mais qui nous furent malheureusement volés par un rustre tout de noir vêtu qui agitait son épée comme s'il s'agissait d'une tapette à mouche. Nous n'entendîmes plus parler de ce sombre seigneur, ni des anneaux...
Notre vie prit un cours normal en moins de deux, nous travaillâmes tous les 7 en trois huit à la mine, ramenant or et cuivre dans notre jolie chaumière.
Et puis un jour comme les autres, après avoir travaillé à la mine avec mes frères, ma vie fût bouleversée : je découvris Blanche Neize. Quand je la vis avec ses longs cheveux noirs comme l'ébène, ses lèvres rouges comme un sang animé d'une passion brûlante, et son teint blanc et délicat comme la neige... Ho oui, quand je la vis, je n'eus qu'une envie, une envie irrésistible qui ne me lâcha plus...
Me travestir !
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Malheureusement, je dus attendre avant de pouvoir mettre mon projet « travestesque » à exécution, car je n'osais pas fouiller dans les petites affaires de Blanche Neize, ni lui demander de m'aider.
Et puis la solution vint d'où je ne l'attendais pas... Une vieille sorcière mal emplumée empoisonna Blanche Neize ! Ce jour là je fus triste car je l'aimais bien, mais je fus heureux aussi... Tous ses vêtements et son nécessaire de maquillage étaient à moi maintenant, rien qu'à moi, mes précieux ! Et après tout, je le valais bien !
Je profitai alors du fait que j'étais censé veiller sur le cercueil en verre de notre amie pendant que mes frères travaillaient à la mine de critérium (minerai utilisé dans la fabrication de portemines) pour foncer à notre petite maison et enfin réaliser mon rêve.
Je dois avouer que c'était la première fois que je touchais des vêtements féminins, je ne savais pas trop comment les mettre, d'autant plus qu'ils étaient trop grands pour moi, je devais donc les adapter à ma taille... Or j'eus beau retourner la maisonnette dans tous les coins, les seuls instruments que je trouvai à la place d'une aiguille et de ciseaux furent une faucille et un marteau ! Sûrement une farce du gnome Uniste ! Equipé, donc, de ces instruments du culte prolétarien, j'arrivai tant bien que mal à réduire les vêtements sur lesquels j'avais jeté mon dévolu... Enfin presque, puisque toutes mes tentatives sur les sous-vêtements se conclurent par des échecs, ce qui m'obligea à garder mon caleçon de mithril, que je portais (sans jamais l'enlever) depuis que maman me l'avait tricoté. Je me vêtis alors d'un corset noir, d'une jupe longue et de chaussures en cuir assorties, je me sentais incroyablement bien. Je décidai alors de me regarder dans le miroir en disant :
«
Ho miroir, mon beau miroir, dis moi qui est le plus belle. »
Celui-ci me répondit :
«
Met donc du maquillage, espèce de coq nain ! »
Je fus surpris de sa familiarité, un miroir venant d'une noble demeure, que nous avions acheté contre de la nourriture à un Comte Tchèque sans provisions... Enfin, comme il n'avait pas tort je m'exécutai...
Dans la trousse de maquillage de Blanche Neize, il y avait toute une faune entre rouges à lièvres et masques à rats... N'ayant pas l'habitude de me maquiller (c'était toujours Joyeux qui se déguisait en clown), j'optai pour un maquillage léger avec des tons discrets.
Alors que je revenais vers le miroir, je glissai sur quelque chose et me retrouvai dans les pommes, à mon réveil je découvris la coupable... Une pomme ! De reinette ou d'api, je ne saurais le dire, car sans plus l'examiner je la jetai par la fenêtre. En atterrissant dans le jardin elle fit un « Pom... Pom... » avant de se transformer en jeune fille, pas très vêtue, sautillant et criant des lettres, un espèce de pompon géant dans chaque main.
Comme elle s'éloignait de la maison, je retournai à mes activités...
«
Ho miroir, mon beau miroir, dis moi qui est le plus belle.-
Mouais, pas mal pour une vile naine. »
Venant de ce satané miroir, je le pris pour un compliment, je m'observai donc longuement tout heureux, et puis je me décidai à sortir ainsi vêtu, car il fallait bien surveiller la dépouille de notre Blanche Neize !
Ha ! En me voyant ainsi tous les animaux de la forêt furent étonnés je sentais leurs regards surpris se poser sur moi, mais c'est alors que le destin me joua un vilain tour de cochon...
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Je gravissais joyeusement la montagne en chantant :
«
Heigh-ho, heigh-ho
Je m'sens bien en travlo ! »
Si bien que j'arrivai sans vraiment m'en rendre compte près du cercueil en verre de Blanche Neize. Comme je m'y attendais elle n'avait pas bougé, bien que selon certaines mauvaises langue, la simple présence de ma personne ainsi travestie aurait suffit à se faire retourner dans leur tombe bien des morts...
C'est alors que soudain un cavalier surgit hors de Lanuit (c'est ainsi que se nommait la forêt toute proche), sans doute courant vers quelque aventure au galop... En tout cas il décida de mettre pied à terre près de moi, et me regardant étonné dit :
«
... Bonjour... Madame. »
A ce moment je ne sus quoi répondre, devais-je faire comme si de rien n'était, ou devais-je révéler que j'étais un nain travesti, au risque de faire fuir ce charmant jeune homme ? ... A la vue de la musculature surdéveloppée de cet étalon (ne vous méprenez pas, je ne parle pas du cheval), j'optai pour une troisième solution.
«
C'est Mademoiselle !-
Ho, veuillez accepter mes excuses, je me présente, je suis Charmant et charmé, mais vous pouvez m'appeler Prince. Oserai-je demander ce qu'une gente demoiselle fait ici ?-
Je veille sur ce cercueil en verre, mais si un beau jeune homme voulait m'emmener jusqu'à son château... »
Je n'eus pas le temps de finir ma phrase, Prince s'approcha du cercueil et dès qu'il posa les yeux sur Blanche Neize en tomba follement amoureux.
«
Nodidjû, marmonnai-je dans la barbe que je n'avais pas.
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Qui est cette ravissante...-
Blanche Neize, fille de roi, souffre-douleur de la terrifiante sorcière, croqueuse de pommes, et accessoirement femme de ménage chez nous, les sept nains... Une vrai cruche si vous voulez mon avis, si vous m'emmeniez plutôt...-
Abandonnez moi ce cercueil, je vous en donnerai ce que vous voudrez !-
Ha ! D'accord... Bon, je vais chercher mes six frères, nous verrons alors... »
J'allai donc à toute vitesse chercher mes frères à la mine, en oubliant de me changer, vous l'aurez deviné, ce qui déclencha beaucoup de remarques...
«
Houaaa... Une naine !, bailla Dormeur.
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Une naine ? Ici ? Bonjour vous !, dit Joyeux.
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Elle... Elle est mi... mignonne..., ajouta Timide.
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Mais, que le Grand Croque Mitte Naine m'emporte, ce n'est pas une naine, c'est Simplet !, s'aperçut Prof.
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Pouark ! J'ai toujours su qu'il était cinglé !, s'exclama Grincheux.
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Ha ha ha ha ha... Aaaatchoum !, s'exclafa dans un éternuement Atchoum.»
J'expliquai rapidement à mes frères la situation, ce qui leur fit heureusement oublier bien vite mes excentricités. Nous arrivâmes donc tous les sept sur la montagne, où se trouvait toujours Charmant Prince, hypnotisé par Blanche Neize.
«
Bonjour, je suis Prof, chef de cette bande de... nains.-
Charmant, enchanté, mais appelez moi Prince.-
Alors... Hem... Comme ça vous voulez nous prendre Blanche Neize...-
Oui, donnez-la moi, je veux lui rendre honneur comme à ma bien-aimée.-
Ho comme c'est romantique !, lança Joyeux.
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Pouark ! Tu parles, un nécrophile ! Mais bon, si il veut nous débarrasser de cette pinbèche, je ne suis pas contre !, dit Grincheux.
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Mieux que nous il s'en occupera... Aa... Aaa... Aaaatchoum ! éternua Atchoum.
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..., sembla dire Timide.»
Dormeur s'était endormi pendant cette conversation plus qu'ennuyeuse, et pour ma part je ne dis rien, j'étais affreusement déçu. Et alors que Prince et ses serviteurs apparus on ne sait comment, emportaient Blanche Neize dans son cercueil de verre, je ruminais, me demandant comment on pouvait préférer une princesse morte à... moi.
Toutes les histoires doivent finir par une morale paraît-il...
A l'heure actuelle je me demande si mon Prince viendra un jour. Sera-t-il sous la forme d'un auteur-compositeur-interprète, d'un enfant venu d'une autre planète, ou d'un innocent biscuit chocolaté ? ... En tout cas la chose positive pour moi dans cette aventure est que j'ai pu garder les vêtements de Blanche Neize !
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