C'était un jour comme les autres. Le personnage de cette histoire sortit de chez lui pour se rendre en cours, comme à l'accoutumée. Il manqua de se faire renverser comme ça arrive souvent à Paris : non, vraiment, c'était une journée tout à fait normale !
Il s'en allait tranquillement quand soudain, une voix l'interpella :
"Hé, gamin !"
Un individu se tenait au coin d'un magasin quelconque.
"Tu veux un truc incroyable ? Je n'en ai qu'une paire, et c'est cadeau ! Pour 2 euros je t'offre de quoi voir le monde comme si c'était un jeu vidéo !"
Ayant pitié de cet homme qui devait sans doute délirer et qui cherchait à s'obtenir un peu d'argent, il paya les lunettes, puis, curieux, les essaya.
Il se rendit compte que les lunettes n'étaient pas fausses. Qui avait dit que les vendeurs à la sauvette n'étaient que des charlatans ? Mais le mystérieux individu qui lui avait vendu les lunettes avait déjà disparu, comme par enchantement.
Regardant sa montre et voyant que ses cours allaient bientôt commencer, il se hâta vers le Monoprix le plus proche pour s'acheter un paquet de gâteaux. Tout en marchant, il repensait à ce qu'il était en train de vivre. Des lunettes permettant de voir la réalité comme dans un jeu vidéo. Quel était l'allumé qui avait inventé un truc pareil ? Soudain, il s'arrêta et se posa enfin la question qui provoquait en lui depuis tout à l'heure un sentiment d'excitation, comme un enfant devant ses cadeaux de Noël : "Et si je les mettais pour voir ?".
Il s'arrêta devant le Monoprix : les portes automatiques s'ouvrirent devant lui, l'invitant à entrer. Mais au lieu de pénétrer directement dans le magasin, il mit ses lunettes et ne put retenir un grognement de surprise. Il paraîssait avoir changé d'époque : la porte devant lui était une vieille et solide porte en bois, comme dans l'ancien temps. Il ôta ses lunettes et les portes automatiques réapparurent instantanément.
"Génial !" pensa-t-il.
Il remit les lunettes et pénétra dans l'échoppe.
"Bien le bonjour voyageur ! Vers quelle destination se dirige votre pas si décidé ?"
Pris par surprise par la femme qui lui parlait, il ôta ses lunettes et le monde réel se matérialisa instantanément. Une femme se tenait devant lui et lui adressait la parole :
"Vous n'avez pas entendu ? Je vous ai demandé de quel côté je devais me diriger pour trouver le rayon des produits frais."
Il comprit alors que bien que les lunettes modifiaient sa perception de l'environnement, elles n'arrêtaient pas le temps. Du coup, c'était la deuxième fois que la femme lui adressait la parole.
Il lui indiqua le rayon et la femme s'éloigna.
Un peu plus tard, une employée du magasin l'aborda. "Je peux vous être utile ?"
Il remit ses lunettes et l'environnement moyenâgeux réapparût. Devant lui, la femme était habillée en costume d'époque, très souriante.
"Que désirez-vous, noble voyageur ? Nous avons diverses herbes, onguents, philtres, armes et boucliers..."
"Euh, vous avez des Pépito ?" coupa-t-il.
La jeune femme parût étonnée. Evidemment, ça n'existait pas dans les jeux vidéo. Il retira ses lunettes.
"Bien sûr, le rayon biscuit se trouve au fond à gauche." lui répondit la femme moderne.
Il alla prendre ses biscuits puis se dirigea vers la caisse. Comme il y avait du monde devant lui, il remis ses lunettes. Les gens devant lui se transformèrent alors en voyageurs habillés de vêtements amples et souples, tous portant une bourse remplie de pièces d'or. Les programmes télé près des caisses se matérialisèrent en journaux d'époque. Il en saisit un pour voir : "Le retour de Bris-de-nez la sorcière maléfique !". Etonné, il enleva ses lunettes. Il venait de saisir le nouveau Télé Star avec Britney Spears en couverture ! Il remit ses lunettes et parcourut des yeux les divers titres du journal, ce qui lui permit de se situer sur la Terre, cinq cents ans plus tôt.
La file d'attente devant la caisse se résorba et son tour arriva. Une jeune et jolie caissière blonde lui adressa un sourire et le salua de ses yeux bleus...
"400 pièces d'or, je vous prie Monsieur."
Il avait complètement oublié que la monnaie était différente ! Que faire ? Il ne savait pas comment se sortir de cette situation et se prit le visage entre ses mains, qui entrèrent en contact avec le plastique de ses branches de lunettes.
"Mais bien sûr
, je n'ai qu'à enlever les lunettes."
La réalité se matérialisa devant lui. Il ne put retenir sa surprise en voyant que la caissière n'était plus la même. Le jeune et joli visage entouré de cheveux blonds avait laissé place à une caissière quinquagénaire coiffée avec une permanente et qui avait l'air aussi aimable qu'une porte de prison.
"Ca fera trois euros quarante..." lança-t-elle d'un ton glacial.
Il fût tenté de remettre les lunettes mais l'heure tournait et il fallait qu'il se rende en cours. Il se promit d'essayer les lunettes une fois arrivé là-bas.
Il descendit dans la bouche de métro et s'installa dans la première rame qui passait. S'ennuyant un peu, il mit ses lunettes. Les poignées qui pendaient au plafond se transformèrent en anneaux dorés qui n'arrêtaient pas de tourner sur eux-mêmes. Les gens se mirent à ressembler à des sortes d'hybrides mi-humain/mi-animaux. On pouvait même apercevoir un hérisson bleu près d'une des portes. Le haut-parleur crachota :
"Prochaine station : L'enfer, votre tombeau..."
Tiens ? Les gens n'avaient pas l'air de paniquer pourtant.
Il retira ses lunettes et la voix synthétique répéta :
"Prochaine station : Denfert-Rochereau..."
Quelque peu rassuré, il se laissa transporter par le métro jusqu'à destination.
Pénétrant dans l'enceinte de l'université, il ne put résister à l'envie de mettre ses lunettes. Les noms de salles et disciplines se transformèrent... L'économie laissa place à la magie tandis que la comptabilité s'éclipsa pour la téléportation. Ca c'était du cours ! Il avait anglais et se dirigea vers la salle de classe en retirant ses lunettes. Il valait mieux se concentrer.
Poussant la porte, il prit place. Quelques "collègues" de classe étaient déjà installés, prêts à subir le cours d'anglais. La prof d'anglais rentra à son tour dans la classe.
Ne pouvant plus tenir, il mit ses lunettes et la prof d'anglais se mit à grandir, à avoir une carapace pointue et des dents plus longues que d'habitude... Bowser se tenait en lieu et place, devant l'estrade avec son petit cartable ! Ses camarades étaient tous transformés en Goombas ou Koopas et attendaient patiemment que le maître s'installe. Son livre d'anglais avait changé de titre et affichait maintenant "Comment tuer les plombiers moustachus et enlever les princesses blondes".
Aïe. Il se mit à vérifier les devoirs... Arrivant à la table de notre personnage, il constata la triste vérité : les devoirs n'étaient pas faits.
Le maître se mit à ouvrir sa gueule... Le temps était comme ralenti... Un grognement, d'abord inaudible, commença à sortir puis s'amplifia... s'amplifia... les feuilles tremblaient sous l'effet de la vibration... les livres des élèves s'ouvrirent sous le choc... puis il enleva ses lunettes.
Il regretta immédiatement son geste en voyant la prof d'anglais juste en face et en se souvenant qu'il n'avait pas fait son boulot !
"ALORS ? LA DISSERTATION D'ANGLAIS SUR "DEVELOPING COUNTRIES ? ET LA TRADUCTION ? ELLES SONT OÙ ?"
...
La journée passa puis il rentra en métro en prenant une ligne aérienne. Mettant ses lunettes, il se retrouva volant dans les airs au-dessus de la ville, comme s'il suivait une route tracée par des ondes radio. Soudain, un virus du nom de BeaufMan.exe apparût. Il retira ses lunettes et vit un délinquant qui agressait quelqu'un. Remettant ses lunettes, il s'aperçut que son sac à dos s'était transformé en malette et était plein de cartes de combat.
"BATTLE START !"
Il n'avait que quelques secondes pour choisir sa carte de combat...
"BattleCard : SyncHook3, Predation !"
Son poing se transforma et alla frapper directement le virus, qui s'effaça sur le coup.
"VIRUS DELETED !"
"Deletion time : 5 sec. You won 50 zennys..."
Il retira ses lunettes. Le wesh était étendu sur le sol, complètement sonné et hors d'état de nuire. La personne victime de l'agression s'approcha :
"Merci d'être intervenu ! J'ai rarement vu une telle rapidité pour aider les gens ! Prenez donc ces 50 euros comme récompense..."
Tout content, il emporta la somme et rentra chez lui. Exténué par les évènements, il rangea les lunettes dans un tiroir en décidant de ne les mettre que pendant les vacances et non plus en cours.
Il prépara son dîner, alla consulter quelques sites Internet et partit se coucher.
Finalement, c'était une journée comme les autres.
Enfin une petite nouvelle que je termine ! J'en avais commencé l'ébauche et écrit un extrait pour l'Art Contest de DC, et j'ai voulu finir cette petite histoire sans en faire trop et en espérant ne pas avoir trop bâclé.
Je sais pas si j'en ferai d'autres mais n'hésitez pas à dire ce que vous pensez de cette fiction
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